Infos utiles
Adresse : 894 chemin de Romage – 38320 Herbeys
Site web : Ensemble jazz break
Téléphone : 06 18 38 40 95
Mail : claraboffy@gmail.com
L’interview
Propos de Clara Boffy. recueillis par Johan RIVOIRE en 2024
Peux tu me donner quatre mots qui te représentent au sein de la compagnie?
Inspiration. Dynamisme. Originalité. “Think outside the box” ou décalé, en français
Peux tu me donner quatre mots qui représentent la compagnie?
Multiculturelle. Aventure. Plaisir. Qualité.
Est ce que tu peux me faire un bref historique de ta compagnie?
Il y a à peu près une dizaine d’années, on a fondé l’ensemble Jazz Break avec Fabien Mille et
Naoufel Klai. Pour répondre à une demande de musique internationale jazz, bossa nova, latin de
qualité. Et puis surtout pour contribuer à une bonne ambiance dans les soirées, dans différents
cadres. Petit à petit, on a commencé à avoir un public de plus en plus large. Et puis c’était un
petit peu dommage de faire des standards qui se répètent. Je me suis lassée. Alors j’ai demandé à
l’équipe: « ça vous dirait de sortir un petit peu des sentiers battus sur les standards et puis de
faire des morceaux qu’on n’a pas, des registres qu’on ne connaît pas ? de transformer les
morceaux à notre sauce? ». Et à chaque concert, on se rajoutait des petits styles musicaux qu’on
ne connaissait pas. On se mettait un petit peu en dehors de notre zone de confort. Et puis
ensuite, on a commencé à vraiment sortir des standards, à composer des morceaux en temps
réel. Et puis en parallèle, je faisais un petit peu d’impro dans mes cours (je suis formatrice
d’anglais) pour les rendre plus divertissants. Afin de briser la glace, je proposais à mes étudiants
de faire de l’impro et explorer ainsi le vocabulaire, les situations professionnelles, avoir du
répondant face à une situation commerciale, des choses comme ça, de façon ludique. Et après je
me suis dit «Ce serait vraiment sympa de pouvoir allier les deux, l’impro et la musique en
fonction des histoires qu’on a à raconter ». Je parle du public. Quand on se retrouve et qu’on a
passé une soirée, une semaine, une journée, un mois un peu difficile, eh bien que le public
puissent partager ces petits moments, ces petites tranches de vie, c’est génial. Ca devient comme
une thérapie de groupe, dans la bonne humeur. Et c’est ce qui a donné naissance au spectacle
Impro Muse.
Peux tu me citer le spectacle qui représente le plus votre compagnie?
« Impro muse » et le nom du spectacle qui reprend finalement un petit peu l’essence de
l’ensemble dans son esprit, c’est-à-dire de toujours être vraiment dans l’interaction avec le
public. Et ce qu’on souhaite, c’est vraiment de passer un bon moment, d’oublier un petit peu qui
on est et de se permettre de devenir quelqu’un d’autre. Nous, sur scène, en tant qu’artistes, mais
aussi comme le public le souhaite, il peut contribuer aux personnages, aux lieus et aux objets,
aux petites “crottes s’ul coeur” (=problèmes, en bon Québécois), aux résolutions qui vont donner
du sens à une histoire. Toujours dans l’idée de construire quelque chose ensemble qui soit rigolo
pour passer un bon moment. Chaque histoire est différente et donc chaque soirée est différente
et donc chaque ambiance est vraiment différente. C’est pour nous, le meilleur remède contre la
routine et la lassitude.
Pour le spectacle. La philosophie de la compagnie, c’est plutôt :
1) Un Jouons pour le public. Il faut leur donner ce qu’ils veulent, si on veut des spectateurs.
2) Jouons pour nous. Priorité à nos envies artistiques et tant pis si ça ne plaît pas à tout le
monde.
3) La vie est faite de compromis. Notre spectacle sera un mélange des deux.
Ah, je dirais carrément trois, je dirais même quatre. On a le droit de mettre son choix en plus ?
Moi, je n’aime pas les boîtes, donc je dirais entre trois et quatre. Un spectacle c’est forcément
avec le public, sinon ce serai un enregistrement,. Et puis quand on a des envies, eh bien on peut
annoncer la couleur. Et puis les gens qui ont envie de ça, ils participent au spectacle et en même
temps, quand on est là et qu’on sent un petit peu l’ambiance des gens. Eh bien eux, ils partent de
chez eux avec une ambiance aussi ou un état d’âme. Et donc on s’adapte forcément à l’état d’âme
du groupe et du public.
Si la compagnie pouvait jouer à Bercy devant 5000 spectateurs et avec un budget illimité, que feriez vous?
Alors, personnellement, je suis assez fan des applications d’animation pour les salles de classe.
Ainsi, je prévois d’utiliser beaucoup Wooclap pour animer les sessions. Avec cette application, le
public peut répondre depuis leurs smartphones sur un écran géant en entrant simplement un
petit code. Cela permet à tout le monde de participer aux histoires, de partager leurs idées, et
leurs réponses s’affichent ensuite sur le grand écran. C’est vraiment captivant. Pouvoir interagir
avec un public de 5000 personnes, c’est mon rêve, notre rêve.
Peux tu finir ces phrases brièvement?
« Une bonne improvisation, c’est… »
Être spontané, communiquer avec les autres artistes avec beaucoup de bienveillance, fusionner
avec le public, se lâcher!
« Une mauvaise improvisation, c’est… »
Accepter de ne pas toujours être à son meilleur, comme dans la vraie vie.
« Le milieu de l’improvisation dans l’agglomération grenobloise, c’est…»
En pleine émergence. Au Québec, d’où je viens, on grandit avec ça à l’école, du primaire jusqu’en
études supérieures, même au travail. Le hockey avait plus de succès que le théâtre alors ils ont
invité les deux dans nos salons. Et chez nous à Grenoble, qu’est-ce qui nous manque? C’est à ça
que je réfléchis quand je pense Impro à Grenoble: à la bienveillance entre les gens qui ne se
connaissent pas, à l’écoute, à la flexibilité mentale, à la tolérance, à accepter les propositions des
autres ou les refuser poliment tout en proposant des alternatives constructives, positives et
divertissantes, où des mondes de multiculturalité scientifique et de sportifs se côtoient.
Quel est le meilleur souvenir que tu as avec ta compagnie?
Je dirais que c’était lors d’une soirée au château de Gières, à l’occasion d’une soirée de fin d’année
d’une société, pour célébrer le départ à la retraite de 3 employés. Nous avions débuté la soirée
en trio guitare, contrebasse, chant en extérieur, pendant l’apéritif. Au fur et à mesure, les invités
sont arrivés tranquillement. Ensuite, nous avons progressivement transformé notre répertoire,
passant du jazz bossa à des sonorités plus festives, à la mariachis. Nous avons débranché les guitares électriques pour prendre des guitares sèches, et nous sommes déplacés jusqu’à
l’intérieur avec les 70 invités où l’ambiance est devenue encore plus animée. La deuxième partie
du spectacle avec clavier, batterie, basse, chant et percussion a amené une atmosphère vraiment
différente, évoquant un véritable voyage à travels les culturelles d’Amérique latine, salsa, son
Cubano, samba, etc. faisant danser les convives sur des rythmes endiablés et les faisant jouer
eux-même les percussions. . L’ambiance était électrique et l’expérience très gratifiante pour
chaque musicien présent. Les convives formaient maintenant une grande famille: convivialité,
fous rires, cours de danses latines en live, battle de “dance moves” à la Soul Train (émission TV
américaine très populaire dans les années 70). C’était extra!
Quel est le pire souvenir que tu as avec ta compagnie?
Un jour, nous avions animé un repas de Noël pour les anciens d’un village. Étant donné que le
public était assez âgé, ils nous lançaient : “baissez le volume, ça siffle dans mon appareil
auditif!” et d’autres se lamentaient: “montez le son, on ne vous entend pas!”… Difficile de
satisfaire tout le monde. « Quand est-ce que vous commencez à jouer de l’accordéon ? » C’est
après ce concert que nous avons rajouté quelques morceaux de madison et de paso-doble, qui ne
faisaient pas encore partie de notre répertoire. Chaque défi rend plus fort!
Quelqu’un te contacte pour intégrer la partie professionnelle de ta compagnie. La réponse serait plutôt :
1) Avec plaisir. Tout le monde est la bienvenue.
2) Pourquoi pas, mais viens faire quelques séances d’essai et on te donnera une réponse.
3) Oui, mais uniquement si tu as déjà trois ans d’expérience
4) Désolé, c’est complet.
Je suis convaincue que chaque personne a vraiment quelque chose à apporter à un groupe. Je ne
crois pas en l’idée de que quelqu’un soit dépourvu de valeur. C’est vraiment une question de
flexibilité et d’adaptabilité. Une personne peut avoir énormément d’expérience et s’intégrer
parfaitement, tandis qu’une autre peut avoir zéro expérience mais s’intégrer tout aussi bien
immédiatement. Donc, je dirais qu’il faut simplement essayer et voir comment ça se passe. L’important est de créer un bon groove, une bonne ambiance, et de prendre plaisir à jouer
ensemble. Chaque personne a quelque chose à apporter à un groupe, et nous ne devrions jamais
être fermés aux possibilités.
Si tu pouvais améliorer une chose dans ta compagnie, laquelle choisirais tu et pourquoi?
Coordonner les agendas pour trouver des disponibilités est un défi certain. C’est pourquoi nous
avons opté pour l’improvisation. Quand on a très peu de temps pour répéter, on excelle dans l’
improvisation! C’est aussi le talent des TDAH! Nous avons donc décidé de créer un socle nous
permettant de ne pas répéter, et ainsi d’arriver avec un esprit nourri de nouvelles idées. Nous
sommes constamment à l’écoute de diverses influences musicales, nous jouons avec de
nombreux musiciens et nous restons ouverts. Cela nous permet, lorsque nous nous retrouvons
pour une animation ou une soirée, d’être frais et prêts à réagir de manière spontanée, en tirant
parti du bagage musical de chacun et des personnalités individuelles du public.
Peux tu me décrire ta compagnie dans cinq ans?
Tu parlais de Bercy, n’est-ce pas ? Alors, idéalement, ce serait une combinaison de petites scènes
où nous pourrions continuer à divertir les gens et leur permettre de mieux se connaître. C’est un
peu l’objectif des spectacles que nous mettons en place chez Impro Muse, notre spectacle
d’improvisation musicale. Après la pandémie, surtout, nous avons constaté que les spectateurs
ont envie de reconnecter avec les autres mais que ce n’est pas toujours facile. C’est ce que notre
spectacle permet de faire de façon tout à fait naturelle. Ils ont l’impression de former une grande
famille à la fin de la soirée. Cela peut se réaliser dans de petites salles ou même chez les gens.
Par ailleurs, dans une autre perspective, nous pourrions également envisager de nous produire
dans de grandes salles, voire très grandes salles pour relever des défis toujours plus importants.
Voilà. Pour ma part, j’ai toujours une vision ambitieuse. C’est un peu mon côté nord-américain,
étant Québécoise. J’aime voir les choses en grand et relever des défis que nous n’avons jamais
tentés auparavant. “Think big!” Comme dirait notre cher Elvis Gratton (référence à un film culte
Québécois).
Si tous les improvisateurs de Grenoble et de l’agglomération lisent cette interview, que souhaiterais-tu leur dire ?
Les improvisateurs : Pour ceux que nous ne nous connaissons pas encore, j’adorerais partager la
scène avec vous un de ces jours pour passer un bon moment ensemble et agrandir ainsi notre
famille.
Merci Clara Boffy