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Facebook : Impro Voiron Club
Adresse : 1, Impasse des Nénuphars 38500 Voiron
Site web : https://www.cie.voiron-impro.club/
Téléphone : 06. 10. 42. 41. 66
L’interview
Propos de Benjamin. recueillis par Johan RIVOIRE en 2023
Peux-tu me donner quatre mots qui te représentent au sein de la compagnie ?
Comédien. Direction artistique. Coordination. Formateur.
Peux-tu me donner quatre mots qui représentent la compagnie ?
Voiron. Impro. Club. Rigolade et exigence. Ça fait 5, mais bon…
Est ce que tu peux me faire un bref historique de ta compagnie?
Le Voiron Impro Club a éclos il y a trois ans et c’est notre deuxième saison pleine. L’an dernier, nous avons commencé à faire notre mensuelle qui s’appelait « Vendredi Impro Club » qui désormais s’appelle « Impro sur le gâteau ». Et les cours qui sont dispensés ont commencé il y a trois ans. Ce qui fait que maintenant nous avons cinq cours hebdomadaires au sein de la compagnie. Cette année l’un des grands enjeux c’est la production de plusieurs nouveaux spectacles. L’an dernier, on était vraiment dans la structuration, l’installation locale de la compagnie et cette année, on est dans l’épaississement de notre catalogue de propositions.
Peux tu me citer le spectacle qui représente le plus votre compagnie?
Aujourd’hui, c’est « Impro sur le gâteau ». Parce que c’est celui qu’on a en mensuel. L’an dernier, on l’avait sur un mode concept. Cette année, on l’a vraiment en mode spectacle, c’est à dire qu’on l’a travaillé avec un générique, une entrée, de la musique, des costumes, des décors. Dans la compagnie, on a -Et ça, ça fait partie de mes recherches artistiques- une préoccupation autour des costumes, des décors. On considère que le concept, c’est intéressant. En improvisation, pouvoir jouer des concepts pour explorer, pour réfléchir, pour expérimenter des choses, c’est bien. Mais in fine, on doit aboutir à un spectacle et la différence entre un spectacle et un concept, ça passe par tout ce qui est visuel, scénographie, costumes, travail des choses préparées. Et je pense que c’est ce spectacle là, « Impro sur le gâteau », qui aujourd’hui parle le mieux de la compagnie. Parce qu’on cherche à mettre l’improvisation en lien avec d’autres formes d’art et dans « impro sur le gâteau » on a un très bon jazzman qui fait ça avec brio.
Pour le spectacle. La philosophie de la compagnie, c’est plutôt :
1) Un Jouons pour le public. Il faut leur donner ce qu’ils veulent, si on veut des spectateurs.
2) Jouons pour nous. Priorité à nos envies artistiques et tant pis si ça ne plaît pas à tout le monde.
3) La vie est faite de compromis. Notre spectacle sera un mélange des deux.
Je ne sais pas qui pourrait répondre autre chose que petit trois à cette question là. Même si on a une forte préoccupation pour le 1.
Personnellement, moi je joue dans une autre compagnie qui s’appelle Fraktal, qui cherche à avoir des spectacles à fort impact sociaux et donc parfois à déranger. On a un spectacle de cabaret qui s’appelle Impropunk dans Fraktal. On travaille aussi sur les dérives sectaires, notamment du New Age. Et là, ça peut être très dérangeant pour le public.
Au Voiron Impro Club, on n’a pas du tout cette idée là. On se rapproche en ce sens actuellement de quelque chose qui relève de l’ordre de l’animation. On a un spectacle en production qui s’appelle « Répliques » qui est quasiment taillé sur mesure pour être joué en médiathèques ou en salons du livre. Et qui peut vraiment plaire à des gens qui ont un univers, un imaginaire très développé parce que ça se joue dans un univers steampunk, avec une machine sur scène avec des costumes très élaborés…
Donc nous on cherche quand même à avoir des spectacles qui plaisent et il se trouve que -c’est une chance- on a des envies artistiques qui recoupent ce qui peut plaire au public ! Et pour les envies artistiques qui ne recoupent pas ça, ça se joue ailleurs et dans d’autres compagnies ou dans d’autres cadres. Donc finalement, je vais te répondre 3 : On fait un compromis entre ce qu’on aime et les choses qui peuvent plaire au public, je pense.
Si la compagnie pouvait jouer à Bercy devant 5000 spectateurs et avec un budget illimité, que feriez vous?
Alors là, je vais parler en mon nom propre parce que je ne pourrai pas avoir les autres membres de la compagnie. En gros, ça veut dire des moyens immenses et un public immense ? Alors…Moi, je chercherai à avoir quelque chose qui soit en raccord avec la salle, c’est à dire des décors immenses, des effets immenses, une connexion très forte avec pourquoi pas des projections vidéo, du feu d’artifice. Quand on a quelque chose d’immense, il faut produire quelque chose d’immense. Et en ce qui concerne l’aspect improvisé, parce que c’est quand même le cœur de notre production, j’irai peut être chercher justement avec d’autres formes d’art pour venir compléter tout ça. Des danseurs, de la musique? Pourquoi pas un orchestre conséquent de jazz? Peut être un big band si c’est possible. Je ne sais pas si un big band de jazz peut improviser. J’imagine que oui.
Entre 2012 et 2013, j’ai travaillé dans un festival qui s’appelait « Les Rencontres de l’instant ». C’était très novateur à l’époque. On mettait des artistes de tout horizon sur scène. On en mettait dix ou quinze avec tous les moyens techniques qu’ils voulaient. Et on avait deux ou trois scènes. Et on alternait. On leur donnait 1h et un titre et on leur disait : « Faites ce que vous voulez ». Moi je me souviens d’un très beau spectacle où j’étais le conteur et je me faisais peindre le corps. Le conte était peint sur mon corps, c’était filmé, retransmis en vidéo et en même temps, il y avait des gens qui faisaient la musique de ça pendant qu’il y avait une danseuse autour…
Et pour moi, ça pourrait relever de quelque chose comme ça. Si on a tous les moyens qu’on veut, il faut que ce soit un spectacle complet qui recoupe tous les moyens qu’on peut avoir à mon sens. Mais je suis pas certain que ce soit un si grand avantage que ça. Je pense que des petites structures et des petits espaces sont des moyens dans lequel on peut faire vivre des choses aussi très intéressantes aux gens.
C’est un peu aussi le principe du close up. C’est à dire que dans un petit espace, on a besoin parfois de projeter moins de choses. On peut arriver à produire de grands effets avec des moyens qui sont plus petits parce que les effets se produisent dans la tête des gens. Je joue une visite guidée improvisée qui s’appelle « La Reine Marguerite ». Il y a le costume et le lieu mais sinon quasiment tout repose sur les moyens de la performance oratoire.
Peux tu finir ces phrases brièvement?
« Une bonne improvisation, c’est… »
Intéressant. Émouvant. Et questionnant.
« Une mauvaise improvisation, c’est… »
Dommage.
C’est une occasion manquée. C’est une rencontre ratée. C’est de la retenue qu’on n’a pas ou trop eu. C’est quelque chose qui n’a pas fonctionné. Et ce n’est pas forcément un mauvais artiste.
« Le milieu de l’improvisation dans l’agglomération grenobloise, c’est…»
Relativement inconnu pour moi car Voiron est un peu excentré par rapport à ça. Et j’ai fait partie du milieu de l’improvisation grenobloise il y a 20 ans, donc il a beaucoup évolué. La principale caractristique que j’en vois extérieurement : C’est ondoyant au sens de « très très riche » par rapport à d’autres villes de taille équivalente.
« La compagnie Voiron Impro Club, c’est… »
C’est jeune. Et en même temps expérimenté. C’est passionnant pour moi. Et on espère que c’est agréable pour le public.
Quel est le meilleur souvenir que tu as avec ta compagnie?
C’était il y a trois jours, dans un petit café théâtre rural et associatif où on a joué « Impro sur le gâteau » avec, encore une fois, un invité, encore une fois, un nouveau public. Et c’était, encore une fois, un plaisir. Mais comme c’est le plaisir le plus récent, j’ai l’impression que c’est le meilleur souvenir.
Quelqu’un te contacte pour intégrer la partie professionnelle de ta compagnie. La réponse serait plutôt :
1) Avec plaisir. Tout le monde est la bienvenue.
2) Pourquoi pas, mais viens faire quelques séances d’essai et on te donnera une réponse.
3) Oui, mais uniquement si tu as déjà trois ans d’expérience
4) Désolé, c’est complet.
Ça se passe pas comme ça. Je peux créer un 5 ?
« Viens voir nos spectacles. Intéresse toi à ce qu’on fait. Montre nous ton univers. Et ce que tu fais déjà. Et une fois que ça c’est fait, on la discussion est ouverte. »
Si tu pouvais améliorer une chose dans ta compagnie, laquelle choisirais tu et pourquoi?
Quelque chose qui dépend pas tout à fait de moi, ce serait de jouer avec des comédiens et des comédiennes qui sont dans leur vingtaine. Qui sont dans la génération nouvelle d’improvisateurices. Parce que dans la compagnie on est trois et on est trois à avoir plus de 40 ans. Et je crois que le monde change, que les manières d’improviser sont différentes. La conception de l’improvisation est différente. P ar exemple les questions de genre ou de discrimination ou relationnelles, occupent une place différente. Et je crois qu’être en connexion avec ça pourrait apporter quelque chose de rafraîchissant dans la compagnie. Bien que nous soyons une jeune compagnie et qu’on tâche néanmoins d’être très en contact avec ça (ne serait-ce parce qu’on est concerné par tout un tas de discriminations au sein de la compagnie.) Ça fera probablement partie du travail qu’on va faire dans les mois et années à venir, de réfléchir autour de ça. Mais je crois que ce serait ça. « Du sang neuf » pour le dire de manière un peu cliché et brutale.
Peux tu me décrire ta compagnie dans cinq ans?
Un catalogue de spectacles qui tourne à un, deux, trois, quatre, cinq personnes.
Dans la partie spectacle, nous avons des univers variés avec des personnalités variées. Dans la partie formation, peut-être que nous avons développé encore plus les interventions en entreprise. Beaucoup plus dans cinq ans, c’est sûr. Et il est très probable que nous ayons des cours à destination du grand public tous les soirs, car nous avons déjà une grande demande. Et, si je dois rêver grand, dans cinq ans, nous aurons la gestion d’un théâtre. La rencontre initiale entre Marie-Christine Cufollo et moi s’est faite autour de la création d’un théâtre. Projet qui a été avorté ou en tout cas congelé à des stades embryonnaires dans de l’azote liquide. Pour moi, c’est un projet qui reste dans un coin de ma tête, même si je ne suis pas sûr de vouloir devenir administrateur de théâtre. Si nous commençons à faire des ateliers de théâtre tous les soirs de 18h à 22h, la question de la gestion d’un théâtre se posera. Aujourd’hui, nous travaillons avec le Centre des Cultures du Monde, un lieu merveilleux qui nous accueille et nous soutient. Mais je ne suis pas sûr qu’il pourra absorber la croissance de la compagnie. Peut-être que je suis un peu optimiste, mais je crois que la compagnie a un avenir explosif ! Ça peut être un feu d’artifice. Après, il faudra voir si nous en avons envie, comment nous faisons et comment nous grandissons intelligemment. Nous sommes passés d’1 cours à 5 cours en 2 ans, nous sommes passés d’1 spectacle à 4 spectacles. Tout est exponentiel et il va falloir que l’on se calme, car il faut dormir parfois. Après, si d’autres personnes nous rejoignent (et cela commence à être le cas avec d’autres thématiques comme celle du handicap), à Voiron, tout reste à construire.
Si tous les improvisateurs de Grenoble et de l’agglomération lisent cette interview, que souhaiterais-tu leur dire ?
Ce serait bien de se rencontrer plus souvent et de discuter vraiment. Je pense plus au milieu professionnel. Ce serait chouette de jouer ensemble dans quelque chose qui nous dépasse un petit peu. J’ai l’impression qu’il y a beaucoup de non-dit entre les structures et des conflits qui n’en sont pas vraiment. Comme s’il y avait un marché qui était réduit et que tout le monde allait chercher sa part. Mais, encore une fois, je ne connais pas beaucoup ce milieu professionnel grenoblois. Donc ce que je dis est sûrement teinté d’a priori et vient d’une vision extérieure. Je ne connais pas vraiment le milieu professionnel et je ne connais plus les amateurs grenoblois.
J’ai l’impression que beaucoup de choses se développent en opposition avec d’anciens groupes.
Comme si, presque à chaque fois qu’il y a une troupe qui se monte, c’est en opposition avec une autre existante. Car c’est quelqu’un qui a quitté la troupe et qui monte son propre truc. J’ai l’impression que cela perdure alors que, en réalité, le monde est vraiment prêt à accueillir tout le monde.
Je viens d’une époque où il y avait une compagnie par département, quand il y en avait une ! Donc il n’y avait pas vraiment de rivalité…
Donc c’est ça que j’ai envie de dire. Un petit message de concorde, ce qui est rare dans mon discours… J’ai plus tendance à politiser les conflits et à les penser comme étant inévitables voire importants pour le respect des limites de chacun. Donc je me surprends dans la réponse que je suis en train de te faire…. Mais tu ne m’as pas donné les questions avant… Donc c’est une réponse improvisée. Il semble que le contexte social et sociétal, en ce moment, a tendance à me donner envie d’aller vers la paix…